// Par Môman
Oui mais je ne m'y suis jamais jetée corps et âme dedans comme la plupart des rollergirls le font. J'entends déjà des "bouuuh" et je vois des pouces en bas venir. Allez-y...
Le roller derby, c'est pas ma vie.
Je faisais du roller avant, je ferai du roller après.
Le roller derby ce n'est qu'une des facettes du roller. Des disciplines, y'en a plein et chacune possède un univers et une mentalité qui lui est propre : freeride, freestyle slalom, hockey, randonnée, roller dance, agressif, artistique...
J'ai toujours eu du mal à me fondre dans la masse des rollergirls. J'ai essayé et ça a marché parfois.
L'univers
J'adore le côté rock'n roll, punk, psyché, girl power qu'on lui prête. Même si, en privé, Céline Dion (ou qui vous voulez) c'est aussi possible mais chut-la-honte.
J'adore aussi le côté "déguisement" et mise en scène des tenues sur le track. En vrai, j'adore (voir) mais je n'adhère pas (sûrement parce que je n'ai jamais été folichonne du maquillage et des costumes) et j'ai du mal à comprendre -mais ça ne me regarde pas- quand la tenue est au détriment du confort du sportif.
Voir un match de derby, c'est vraiment palpitant. Tu viens pour le show mais tu repars pour le sport et ça, c'est une victoire pour la discipline.
Une autre particularité du derby c'est que ce sport accueille tous les profils. Et quand je dis "profils", je parle du physique (parce qu'on s'en fout de savoir si t'es prof des écoles ou si t'es caissière car sur le track, ça n'a pas d'incidence).
Personne ne va rire au nez d'une nana qui a 30 kilos de plus que la moyenne contrairement à d'autres disciplines du roller où l'accueil sera plus mitigé.
Sur le track, le gabarit des unes ou la carrure des autres sont des atouts.
Ceci était juste un exemple pour faire comprendre que dans ce milieu, il y a une certaine ouverture d'esprit.
Ouais, enfin, à priori.
Rideuse vs Rollergirl
J'ai trop souvent eu l'impression que les rollergirls n'avaient pas conscience de la multitude de disciplines dans le roller ou pire trouvaient ces disciplines sans intérêt. Et ça, c'est triste. C'est triste car c'est amputer la rollergirl de sa marge de progression.
Parce qu'être polyvalent c'est savoir s'adapter, piocher le meilleur de ce qui se fait est donc indispensable pour devenir une rollergirl qui fait la différence sur le terrain. "Ouvrons le champ des possibles" qu'ils disaient.
Et parce que réduire le roller au rollerderby, c'est aussi dénigrer le potentiel ou la personnalité de certaines camarades qui ont un bagage ailleurs que dans le derby.
Exemple (au hasard évidemment) :
Quand t'as appris à rider dans la rue, t'as compris que le jean était ton meilleur ami. Dans la rue, t'as pas de protec' parce que les protec' c'est moche, c'est gênant et finalement c'est parfois pire que bien, mais ça, Kozmic vous l'epxliquera vachement mieux que moi.
Quand t'as grandi avec ce concept, que t'as catché des voitures, sauté des marches, gravi des montagnes et que tu débarques dans le derby, il est évident que le jean sera aussi ton ami. Que tu crois...
Malheureusement, les rollergirls qui sont arrivées avant toi dans la ligue, qui sont encore dans leur bulle, qui n'ont pas conscience (ou s'en fichent) que le roller existe en dehors du derby et qui ne connaissent que le look qu'on veut bien attribuer à la rollergirl, ces rollergirls-là ne vont pas comprendre pourquoi tu mets un jean.
"Quoi un jean ? On met pas ça au derby ! En plus, c'est pas confortable ! C'est pas pour faire du sport !" Blablabla...
Ah... Et tu crois vraiment que les collants en résille et les tutus c'est adapté pour faire du SPORT ?
Laisse-moi mettre mon doigt dans ton œil pour voir...
Avant que ces 2 spécimens soient sur la même longueur d'onde, il va falloir qu'il s'en écoule du temps...
C'est probablement la rollergirl qui remportera la victoire sur la tenue. Par facilité, la rideuse va finir par se fondre dans le moule en adoptant le mini-short. Et même qu'à force ça lui plaira. Ou pas.
Par contre, mettez-les sur la piste, vous verrez laquelle des deux l'emportera...
Come To The Dark Side... We Have Cookiiiiies !
Le derby c'est fun, c'est cool, c'est branché, on voit des copines, on fait du sport, on se défoule, on partage, on apprend, on est sélectionnée en équipe, on rigole bien, on boit des coups, on se sent pousser des ailes, on crie (de guerre), on gagne, on perd, on gueule, on s'engueule, on reproche, on pue, on jalouse, on se blesse, on se ruine, on se prend des coups (de pute), on vient moins s'entraîner, on perds le sourire, on est privé de plaisir et on ne voit plus que les côtés négatifs.
Quel bel ascenseur émotionnel !
Ce précédent paragraphe n'est pas une généralité (bien qu'elle soit certainement adaptable), c'est ce que j'ai ressenti (vécu ?). Dans les grandes lignes.
J'ai voulu le poster sur facebook avec un petit commentaire mais il s'est transformé en immense paragraphe qui m'a mené à écrire ce post.
Cet article, j'aurais pu l'écrire moi-même tant les points abordés sont exacts sauf que je n'ai pas les idées suffisamment ordonnées pour écrire si clairement.
Si
vous n'avez pas lu l'article, il parle des méchantes personnes qui ne
se rendent pas compte qu'elles le sont, qui font tout pour se rendre
indispensables et importantes au détriment des petites brebis autour et qui ternissent l'image et pourrissent l'ambiance d'une
ligue.
Les attitudes décrites font partie des raisons qui m'ont empêché à faire du derby une passion sans condition. Je n'ai jamais réussi à faire abstraction des vipères même quand cela ne me concernait pas directement.
Et là, c'est le drame break
J'aime le derby. Oui mais...
Oui mais je me suis salement blessée il y a 1 an et demi pendant un match et je n'ai pas pratiqué depuis.
16 mois à réfléchir sur ma situation. J'ai eu le temps d'en ressasser des choses et ça n'a pas toujours été drôle à réaliser et à accepter. Ça ne l'est toujours pas.
J'ai donc constaté qu'à aucun moment le roller derby ne m'avait manqué.
Ma blessure n'a été qu'une excuse forcée pour faire ce que je n'avais pas le cran de faire : arrêter le derby.
Deux choses m'ont tout de même manqué durant ce long laps de temps :
La première chose, c'est de chausser mes in-lines (j'ai toujours préféré les lines aux quads...) et d'aller tracer dans la rue, pour le plaisir de rouler, de dépasser les gens, de rouler sur la route et se faire klaxonner.
La seconde chose qui m'a manquée et qui continue à me manquer, c'est les potes du derby avec qui je partage de moins en moins de chose à mesure que je m'éloigne de ce milieu. Ça me fait de la peine. Maintenant que je n'ai plus cette masse permanente de monde autour de moi, je me rends compte à quel point j'ai délaissé le reste de mes amis le jour où je suis entrée dans la communauté derby. Et ça, ça me fait deux fois plus de peine.
Perte d'identité
Le derby ce n'est pas ma vie, ce n'est qu'un bout de ma vie.
Un bout de ma vie dans lequel je n'arrive pas à me situer.
Je me suis construit une identité "Wheely Wonka" qui n'a pour le moment plus de raison d'être. Wheely Wonka, c'est plus personne, c'est que du vent.
Je n'arrive pas à rompre avec ce personnage, parce que s'entendre appeler Wonka ou Wheely par des potes, c'est plaisant, ça te raccroche à une communauté et je ne suis pas certaine de vouloir de tout abandonner. Sait-on jamais, peut-être qu'un jour j'aurais de nouveau envie de jouer.
Et puis, comment arriver à tourner la page quand ta moitié est également une rollergirl et pas des moindres. Sa vie à elle, ça a toujours été le patin sinon rien. Son planning et à fortiori le tien, est parsemé d'entraînements presque tous les jours, de matchs, de déplacements etc. sans parler des sujets de conversation.
Le milieu de roller derby est attirant. Une fois que t'as mis le pied dedans, tu te rends compte qu'il est envahissant.
Soit, tu fais parties de celles qui jouent la carte de la rollergirl à fond. T'as rapidement une derby wife et même une derby mistress, tu deviens fan des licornes, des arc-en-ciels, des ailes, tu te mets à profaner le facebook de tes potes de petits cœurs partout et même que t'es une habituée de Spotted Roller Derby.
Soit, le sport te fascine mais tu fais une overdose de l'univers (parce que point trop n'en faut) et t'as juste envie de t'enfermer dans un caisson étanche.